L'ANTISÉMITISME AU TRAVERS DES SIÈCLES

Inscriptions antisémites lors de la Nuit de cristal du 9 au 10 Novembre 1938 en Allemagne

L'antisémitisme, ou la haine obsessionnelle du Juif, est l'une des pathologies sociales les plus anciennes et les plus persistantes. Le mot ne date que du XIXe siècle, mais le phénomène existe déjà dans l'Antiquité ; et si la forme qu'il a pu revêtir a varié au fil des siècles, il s'est toujours caractérisé par la vision négative que la culture dominante projette sur cette altérité qu'elle croit percevoir chez les Juifs, qui sont toujours apparus comme «autres». C'est comme si la mise en garde biblique -«Ce peuple qui demeure à part, et n'est pas rangé parmi les nations» (Nombres 23,9)- avait eu valeur de prophétie. Une obsession antijuive parcourt l'enseignement et les écrits des cultures païennes, des chrétiens, des antichrétiens, au Moyen Âge, à l'époque moderne et dans l'ère contemporaine. La Shoah, dont les causes sont certes multiples, aurait été inconcevable sans une longue tradition d'antisémitisme.

On trouve des continuités et des ruptures entre les différentes formes d'antisémitisme, la haine du Juif pouvant être culturelle, religieuse, laïque, politique, économique ou raciale. On trouve aussi des différences historiques. Ainsi, l'antisémitisme médiéval, centré sur l'association des Juifs et du diable, diffère-t-il de la judéophobie laïque contemporaine, qui les considère comme une race inférieure. Depuis Auschwitz, on a vu naître une nouvelle forme d'antisémitisme, qui nie la Shoah et qui s'exprime dans certaines prises de position antisionistes.

Étiologie de l'antisémitisme : formes païennes

Les objections païennes au judaïsme sont éclairantes. Les Grecs se défient du monothéisme et des interdits alimentaires juifs ; le refus d'adorer les dieux païens est perçu comme une forme d'arrogance. Les Grecs voyaient dans la circoncision, symbole éternellement visible de l'alliance entre Dieu et Abraham, une pratique barbare, une atteinte à l'intégrité corporelle. Les philosophes et les intellectuels ont relayé et rationalisé les préjugés antijuifs. Héraclite d'Abdera (IVe s.av.J.C.) décrivait le judaïsme comme «un mode de vie inhospitalier et inhumain». Josèphe cite Manetho, un prêtre égyptien parlant le grec, qui assimilait l'exode d'Égypte à l'expulsion d'une colonie de lépreux. Le pharaon égyptien Ramsès II recommandait la « prudence (envers les Israélites), de crainte qu'ils ne se multiplient et s'allient à nos ennemis pour nous combattre». Il ordonna le massacre de tous les enfants juifs mâles ; tentative de génocide qui, on le sait, tourna court grâce à l'Exode tel que le décrit la Bible.

Le manuscrit d'Esther, de la Bible hébraïque, raconte un autre complot génocidaire contre les Juifs, toujours à cause de cette «altérité» dont on les accusait. Haman, premier ministre inique du royaume de Shushan, informe son roi un peu fat : «Il existe un certain peuple, éparpillé de par le monde et dispersé parmi nos populations à travers le royaume, dont les coutumes diffèrent de celles de toutes les autres, et qui ne respectent pas les lois du roi ; il n'est donc pas dans l'intérêt du roi de les tolérer.» Ce complot odieux est déjoué par Esther et par son oncle, Mardochée, et l'instigateur du génocide est exécuté. Que ce conte repose ou non sur des faits historiques, les accusations portées contre les Juifs par Haman nous les montrent une fois de plus comme inassimilables aux yeux des païens.

Antijudaïsme chrétien : le facteur religieux

L' antijudaïsme chrétien a été déterminant pour la propagation du sentiment antijudaïque. Les spécialistes ont analysé les tensions théologiques et psychologiques entre le judaïsme et le christianisme. Richard Rubenstein y voit une relation d'altérité doublée d'incompatibilité ; pour qu'une tradition soit «vraie», l'autre doit être dans l'erreur. D'un point de vue théologique, si l'on part des écrits de saint Paul (v.50 av.J.-C.) fondateur de la chrétienté et le premier théologien à élaborer un système de pensée-, si l'on parcourt les Évangiles synoptiques pour arriver à l'Évangile de saint Jean (v.100ap.J.-C.), on note une distinction croissante entre le judaïsme et la majorité chrétienne.

Déjà, la distinction que trace saint Paul entre la loi (judaïque) et l'esprit (chrétien), la première étant perçue comme pesante, le second comme insufflant la vie, jette les bases d'une théologie qui se donnera pour dogme le remplacement de l'héritage juif par l'héritage chrétien, et qui prêchera l'Enseignement du Mépris. Les Juifs sont représentés comme étant les enfants du Diable, de celui qui n'aime pas Dieu (Jésus). Au départ, Saint Paul utilise le mot Juifs pour désigner ceux qui s'opposent à lui, mais le mot s'applique bientôt spécifiquement aux Juifs. L' Évangile selon saint Matthieu accuse les Juifs d'être collectivement et éternellement responsables de la mort de Jésus : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! » (Matthieu 27.24). Les Juifs sont aussi accusés de ne pas savoir lire leur propre livre sacré et d'avoir tué leur prophète.

Les événements politiques étant vus à travers le prisme théologique, cela contribua aussi à isoler et à marginaliser les Juifs. La destruction du temple de Jérusalem (70 ap.J.-C.) fut perçue tant par les Juifs que par les chrétiens comme un acte hautement significatif, comme un jugement divin porté sur la Maison d'Israël, mais pour des raisons radicalement différentes. Pour les Juifs, Dieu les punissait parce qu'ils avaient oublié l'Alliance ; les premiers chrétiens y voyaient une punition pour déicide. Quand, au IVe siècle, la chrétienté s'érigea en religion officielle de l'Empire romain, son enseignement antijuif devint la politique officielle.

Adversus Judaeos

L'enseignement du mépris s'exprime dans l' Adversus Judaeos , la tradition qui s'attache à réfuter le judaïsme. Elle repose sur les écrits des Pères de l'Église (Saint Justin, saint Jean Chrysostome et saint Augustin, entre autres) et elle s'appuie sur plusieurs points : la responsabilité déicide du peuple juif ; l'affirmation que la Bible hébraïque, appelée, non sans condescendance, Ancien Testament, prépare ce que les chrétiens ont appelé le Nouveau Testament, et qu'elle annonce donc la venue de Jésus ; l'aveuglement spirituel des maîtres juifs. Ni cette tradition ni l'enseignement chrétien ne prônent ouvertement l'extermination des Juifs. Saint Augustin plaidait pour qu'ils soient préservés, afin que tout un chacun puisse mesurer le triste destin de ceux qui rejettent le Christ Sauveur. Preuve visible de la colère de Dieu, ils sont ainsi condamnés à l'opprobre éternel.

L'époque médiévale

L'antijudaïsme de la chrétienté médiévale associait les Juifs aux figures les plus redoutables et les plus méprisées : les sorcières, les magiciens, les meurtriers, les empoisonneurs de puits, le Diable. Ce fut aussi l'époque des croisades, une série de campagnes qui avaient officiellement pour but de libérer la ville sainte de Jérusalem, aux mains des infidèles, notamment des musulmans.

En route pour l'Orient, les croisés tuèrent des milliers de Juifs. Léon Poliakov note que les croisades eurent pour effet de forger le destin «singulier et unique» des Juifs européens. Le pape Urbain II prêcha la première croisade le 27 novembre 1095. La marche sanglante débuta en mai 1096. Elle fut marquée par le massacre de 10 000 Juifs, soit 1/3 environ de la population juive d'Allemagne et du nord de la France, qui préférèrent mourir pour la sanctification du nom du Seigneur (al kiddush HaShem) plutôt que de se laisser baptiser de force. Robert Wistrich note que les croisades ont marqué «un tournant négatif décisif» dans les relations entre Juifs et chrétiens. Les Juifs étaient perçus comme sans défense, les chrétiens comme des meurtriers sanguinaires. La notion de meurtre rituel est intimement associée aux croisades suivantes, dont la deuxième fut prêchée par le pape Eugène III en 1146.

Selon une fausse rumeur véhiculée pour la première fois en Angleterre en 1144, les Juifs auraient tué un garçon chrétien « pour outrager la Passion du Sauveur ». En outre, comme le montre Poliakov, on prétendit que l'événement avait été préparé lors d'une rencontre entre rabbins. Avec le temps, cette accusation s'affubla de mensonges divers. Les Juifs étaient accusés d'ajouter du sang chrétien à leur pain azyme (matza) et au vin au moment de célébrer la Pâque juive, ce qui était, du point de vue de l'Église, une profanation de l'eucharistie chrétienne. L'association avec le Diable s'exprime également dans les arts de l'époque. Par exemple, le Moïse de Michel-Ange dans l'église San Pietro in Vincoli, à Rome, est affublé de cornes, interprétation tendancieuse de l'expression biblique «rayons» lumineux émanant de sa tête, l'artiste traduisant l'imaginaire populaire, qui percevait les Juifs comme des diables.

L'attitude de Martin Luther envers le judaïsme et les Juifs met en évidence la tension structurelle entre judaïsme et christianisme. Au début, Luther éprouvait une certaine sympathie pour les Juifs. Voyant que ces derniers n'avaient nullement l'intention de se convertir, le fondateur de la Réforme se livra, dans Des Juifs et de leurs mensonges, à une diatribe violente, prônant, entre autres mesures, l'incendie des synagogues, l'interdiction du judaïsme et l'expulsion des Juifs hors des frontières de la chrétienté.

L'activité économique de certains Juifs a desservi l'image de leur communauté. Il leur était interdit de posséder des terres, mais ils pouvaient vivre dans les villes et se livrer à des transactions financières. L'apparition de fermiers généraux juifs, qui prélevaient les impôts sur les paysans qui travaillaient les terres des nobles, leur valut la haine de ces deux classes sociales.

L'époque moderne

C'est avec l'époque moderne que le phénomène de l'antisémitisme prend une tournure décisive et terrible. Le terme apparaît pour la première fois dans un texte de Wilhelm Marr en 1879. D'allure scientifique et clinique, il était censé remplacer l'expression «haine du Juif», si chargée de préjugés qu'elle choquait les esprits éclairés, sensibles aux enseignements du siècle des Lumières. Pourtant l'antisémitisme ne pouvait que désigner les Juifs. Et alors même que les enseignements du christianisme se voyaient remis en question par l'intronisation de la Raison au XVIIIe siècle, les préjugés chrétiens antijuifs demeuraient immuables. De nombreux philosophes français, dont Voltaire, reprochaient au judaïsme ses moeurs superstitieuses et surannées, et le fait d'avoir engendré le christianisme.

L'ère moderne a aussi vu naître l'antisémitisme politique. Des hommes politiques comme Bismarck ont fait campagne sur des programmes antisémites, tandis que les théories raciales naissantes s'efforçaient de définir les différences entre les peuples. Des écrivains racistes comme le français Arthur de Gobineau et le Britannique Houston Stewart Chamberlain ont élaboré la théorie selon laquelle la race déterminerait le destin. Ces idées se développaient alors que s'éteignait l'espoir, qui était celui du siècle des Lumières, d'atteindre ce que Jacob Katz appelle une société religieusement «neutre». S'y substitua une société «semi-neutre», où la religion et la race d'un individu conditionnaient sa place dans la société et son appartenance à une nation précise.

En ce qui concerne le judaïsme, le siècle des Lumières fut un échec. En France, trois groupes puissants, l'aristocratie, l'armée et l'Église catholique, n'ont jamais accepté l'égalité des Juifs. L'affaire Dreyfus, où le capitaine Alfred Dreyfus fut accusé à tort de trahison, eut un effet de révélateur, le procès se présentant en quelque sorte comme un référendum sur le judaïsme. Le défi lancé par Napoléon au Consistoire juif, auquel il demanda que ses coreligionnaires se déclarent français d'abord, puis juifs, donna lieu à ce que l'on pourrait appeler le Juif - épithète : Juif français, juif allemand, Juif américain, ce qui renforça l'idée xénophobe et raciste que les Juifs étaient des étrangers dans leur nation d'accueil.

Au seuil du XXe siècle, les Juifs incarnent à la fois le pouvoir et l'impuissance. Méprisés et enviés, ils deviennent les protagonistes des théories du complot. L'infâme faux tsariste, Les Protocoles des Sages de Sion, qui décrit une conspiration mondiale juive pour dominer la planète, fut traduit en allemand et connut un vif succès. Tous les Allemands, tous les Européens, n'étaient pas des antisémites acharnés, mais il existait bel et bien une culture antisémite diffuse dont les démagogues, les racistes et les exterminateurs allaient pouvoir s'inspirer.

La Shoah

Une conjonction d'un certain nombre de facteurs a contribué à déclencher la Shoah : la notion même de modernité, la possibilité de massacres à grande échelle démontrée par la Grande Guerre, les avancées technologiques, l'émergence d'une bureaucratie aux rouages bien huilés, une population complaisante, une opinion internationale indifférente. Facteurs nécessaires mais non suffisants, ils n'auraient pu à eux seuls donner lieu à la Shoah, sans le ciment empoisonné de l'antisémitisme. Des siècles de mépris avaient fixé l'image du Juif étranger, extérieur à la communauté chrétienne et à ses valeurs morales. Joseph Goebbels n'avait-il pas raison de dire que l'Allemagne nazie rendait service au monde entier en exterminant les Juifs ? Le nazisme ajoutait toutefois une dimension métaphysique à l'antisémitisme. Hitler se voyait comme le créateur d'un monde nouveau lavé de la présence juive (Judenrein). Des spécialistes comme Steven Katz et Saul Friedlander ont postulé l'émergence d'une «métaphysique antisémite», la cible juive ayant été retenue, selon Katz, pour « des raisons métaphysiques, c'est-à-dire raciales et manichéennes». Friedlander s'est penché sur «l'antisémitisme de la rédemption», qu'il oppose aux marques «simplement» raciales de la haine antijuive. D'où un antisémitisme nouveau, qui n'a rien à voir avec l'idée de convertir les Juifs ou de les tuer pour «sauver» leur âme. Pour Hitler et ses partisans, l'existence même des Juifs était une entrave à l'ordre nouveau, au Reich millénaire, qu'ils voulaient construire.

L'antisémitisme contemporain

La négation de la Shoah et certaines formes d'antisionisme sont les deux visages les plus familiers de l'antisémitisme contemporain, ces deux tendances étant souvent difficiles à démêler. Dans leur haine des Juifs, Robert Faurisson, Bradley Smith et Arthur Butz nient l'existence de la Shoah, qu'ils présentent comme un «complot sioniste» qui a pour seul but de lever des fonds pour soutenir Israël. Ceux qui nient ou qui minimisent la Shoah sont ceux-là même qui se seraient réjouis de voir les nazis atteindre leur but. Nier la Shoah revient à dire que l'on est favorable aux chambres à gaz et aux fours crématoires d'Auschwitz.

Source : Alan L. Berger, article dans l'encyclopédie Le livre noir de l'humanité. Encyclopédie mondiale des génocides. P.93-99. Éditions Privat. 2001.

L'ÉTAT GÉNOCIDAIRE NAZI

SA. Arrivée du cortège au congrès de Nuremberg 1933 – ZBA DTer

Génocide, exécutions d'otages, représailles, travaux forcés, «euthanasie», famines, expérimentations médicales, torture, bombardements, détention dans des camps de concentration ou de la mort : en tout, les nazis ont tué entre 15 et 31,6 millions de personnes. L'évaluation la plus fiable avoisinerait les 21 millions : hommes, femmes, vieillards, handicapés, malades, prisonniers de guerre, travailleurs forcés, détenus, opposants, homosexuels ; Juifs, Slaves, Serbes, Tchèques, Italiens, Polonais, Français, Tsiganes, Ukrainiens, etc. Dont un million d'enfants de moins de 18 ans.

Toutes ces personnes furent tuées pour des raisons diverses. Certaines s'opposaient au régime nazi, à sa politique d'annexion et d'occupation des autres pays d'Europe. Des centaines de cadres des SA nazis furent assassinés sur ordre de Hitler, en juin-juillet 1934, au moment où, sous la direction d'Ernst Röhm, l'organisation devenait une rivale directe des SS. Jusqu'à 5 000 Allemands furent exécutés après un attentat manqué contre Hitler en 1944. Opposants, pacifistes, objecteurs de conscience, étudiants insurgés, dissidents, et d'autres encore, disparurent, mourant de mort lente ou rapide dans les camps de concentration, ou tout simplement exécutés. Environ 290 000 Allemands périrent ainsi. Si on y ajoute les Juifs, les homosexuels et ceux qui furent sélectionnés pour être euthanasiés, le nombre d'Allemands assassinés s'élève à environ 500 000, sans doute 760 000, soit un Allemand sur cent. Si l'on ajoute les 5,2 millions d'Allemands, civils ou militaires, tués lors des guerres d'agression contre les autres pays, cela signifie qu'un Allemand sur dix risquait d'être tué.

Les chances de survie étaient encore moindres pour les habitants de certains pays envahis par les nazis, surtout ceux d'Europe de l'Est. D'entrée, les opposants furent éliminés ; toute tentative d'insurrection fut tuée dans l'oeuf par l'extermination des dirigeants réels ou potentiels, des intellectuels, des notables, des membres des professions libérales. Outre les Juifs, les Allemands tuèrent presque 2,4 millions de Polonais, 3 millions d'Ukrainiens, 1,6 million de Russes et 1,4 million de Biélorusses, dont les hommes et les femmes les plus éminents, les plus cultivés, les plus brillants. En tout, un Polonais ou un Russe sur six vivant dans les territoires contrôlés par les nazis fut tué sans état d'âme.

Outre les opposants réels ou potentiels, les nazis se montrèrent sans pitié pour les populations civiles de l'Europe occupée, usant de la terreur et des représailles pour les contrôler et empêcher toute attaque contre l'occupant allemand. Qu'un soldat allemand vienne à être tué par la résistance et les hommes du village le plus proche étaient rassemblés et exécutés, les femmes et les enfants déportés vers un camp de camp de concentration, les maisons rasées. Des douzaines, voire des centaines d'otages étaient tués en représailles d'actions de sabotage. Là où les nazis durent affronter des commandos de résistants structurés et efficaces, ils appliquèrent une règle simple : 100 civils des environs exécutés pour chaque soldat allemand tué, 50 pour chaque soldat blessé. Ces chiffres étaient souvent multipliés par deux ou par trois. C'est ainsi que d'innombrables paysans et citadins innocents furent massacrés en Yougoslavie, en Tchécoslovaquie, en Grèce ou en France. Des millions de personnes furent tuées en Pologne et en Union soviétique : abattues en groupes par des rafales de mitraillette, tuées d'une balle dans la tête en bordure de fossés, brûlées vives alors qu'elles s'étaient réfugiées dans une église, exploitées jusqu'à la mort dans les camps, battues, torturées à mort, éliminées pour des raisons de race, de religion, de handicap, d'orientation sexuelle.

On estime que les Einsatzgruppen, escadrons de la mort, tuèrent plus d'un million de personnes qui n'avaient rien d'autre à se reprocher que leur religion. L'armée, la police, les unités de lutte contre la résistance, les SS, tuèrent environ 350 000 personnes dans les ghettos ou alors qu'elles tentaient de fuir. Sans compter des trains entiers de wagons à bestiaux chargés de Juifs ou de Tsiganes, ainsi que tant d'autres «indésirables», exterminés dans les camps de la mort.

Le principal camp de la mort fut Auschwitz. A l'arrivée, les Juifs et les autres descendaient du train et défilaient devant les médecins qui sélectionnaient sur le champ ceux qui étaient aptes à travailler, décidant ainsi en quelques secondes de leur sort. Un coup de pouce vers la droite signifiait les travaux forcés et la survie, du moins pour un certain temps, y compris pour ceux que l'on destinait aux expériences médicales ; un coup de pouce vers la gauche signifiait la mort dans les heures qui suivaient. Ignorant tout de leur sort, ceux qui sortaient vers la gauche se voyaient confisquer leurs bagages ; puis les hommes et les femmes étaient séparés et envoyés à leur sort, souvent sur des airs de musique joués par un orchestre de prisonniers.

Arrivant devant le bâtiment où se trouvaient les chambres à gaz, ils voyaient des panneaux qui indiquaient « Salle de douche et de désinfection ». A l'intérieur, on leur ordonnait de se déshabiller, leur expliquant qu'ils allaient devoir se doucher. On leur distribuait des reçus en échange de leurs affaires personnelles. Feignant une mesure sanitaire, on coupait les cheveux des femmes. Enfin, sous les ordres brutaux des gardes, on les poussait tous dans « les douches». Ceux qui hésitaient ou qui cherchaient à résister étaient battus ou fouettés, et contraints d'entrer. Les portes étaient ensuite refermées et verrouillées. Une fois à l'intérieur, la plupart des victimes comprenaient vite que la mort était imminente. Les fausses douches ne fonctionnaient pas ; les lumières s'éteignaient. Le gaz mortel (du zyklon-B ou du cyanure d'hydrogène) était acheminé dans un véhicule de la Croix-Rouge. Un SS portant un masque de protection transportait les cylindres jusqu'au bâtiment ; soulevant un volet en verre au-dessus de l'entrée, il vidait les cylindres dans la chambre à gaz. Le chef du camp actionnait son chronomètre. Dans certains camps, dotés de chambres à gaz aux dimensions restreintes, tant de victimes y étaient introduites à la fois qu'il leur était impossible de bouger. Une fois que le gazage commençait, trois heures pouvait s'écouler avant qu'elles ne succombent.

Tant de gazés par jour, tant d'incinérations par heure : c'était un système réglé au chronomètre, à la pointe de la technologie, du savoir, de l'efficacité, conçu par une nation qui, dans les années 1930, était considérée comme l'une des plus civilisées, cultivées, développées du monde. Dans le seul camp d'Auschwitz, environ 1 250 000 innocents, principalement des Juifs, disparurent sur cette chaîne exterminatrice qui réduisait les vies humaines en cendres. Environ 1,5 million de personnes furent éliminées dans des conditions identiques dans d'autres camps de la mort, comme Majdanek et Treblinka.

Les dirigeants nazis, on le voit, étaient des racistes absolus, convaincus de la supériorité de leur sang aryen, sûrs de se situer au sommet de l'évolution raciale, d'être, du point de vue eugénique, les meilleurs.

Rien ne devait affaiblir la race dominante. Donc, il fallait exterminer les Juifs et les Tsiganes, mais aussi les homosexuels et les handicapés, et avec eux, les Slaves, non seulement à cause de leur infériorité raciale, mais pour libérer un territoire où la race maîtresse pourrait croître et se multiplier. Mais les Slaves posaient de réels problèmes de logistique. Exterminer des millions de Juifs et de Tsiganes, voilà qui, déjà pas si aisé ; mais comment exterminer des dizaines de millions de Slaves ? Les nazis envisagèrent donc une solution en deux temps : réduire leurs nombres au moyen d'exécutions, de famines, d'épidémies ; puis, après la guerre, que l'Allemagne allait forcément gagner, déporter les 30 ou 40 millions de Slaves restants vers la Sibérie.

Les actes de génocide nazis entraînèrent la mort d'environ 16,3 millions de personnes : presque 5,3 millions de Juifs, 260 000 Tsiganes, 10,5 millions de Slaves, 220 000 homosexuels, 10 000 Allemands handicapés. Par la répression, le terrorisme, les représailles, et autres meurtres délibérés qui avaient pour but de maintenir la suprématie nazie dans toute l'Europe, les nazis tuèrent des millions d'autres personnes, des Français, des Hollandais, des Serbes, des Slovènes, des Tchèques, etc. Environ 21 millions d'individus en tout. Soit six ou sept victimes pour cent habitants de l'Europe occupée.

Source : R.J Rummel, article dans l'encyclopédie Le livre noir de l'humanité. Encyclopédie mondiale des génocides. P.570, 573. Éditions Privat. 2001.

LES RESPONSABLES DE LA SOLUTION FINALE

Adolf Hitler. Fils d'un modeste fonctionnaire des douanes et d'une mère maladive. Adolf Hitler est né à Braunau, en Haute-Autriche, en avril 1889. Dirigeant du Nationalsozialistiche Deutsche Arbeitspartei (NSDAP, Nazi), il allait devenir le chancelier de son pays d'adoption, l'Allemagne, s'en autoproclamer le Führer tout-puissant, et imaginer la «Solution finale de la question juive». L'Autriche et l'Allemagne de sa jeunesse se caractérisaient par leur antisémitisme virulent ; les écrits antisémites étaient nombreux, et les hommes politiques étaient souvent élus pour leurs prises de positions antisémites.

Le jeune Hitler ne se distingue pas par ses succès scolaires ; dans Mein Kampf, il accuse ses professeurs de ne pas avoir su reconnaître son génie intellectuel et artistique. Après la mort de sa mère en 1907, et quatre ans après la mort de son père, il quitte Braunau pour Vienne, où il échoue au concours d'entrée à l'école des Beaux-Arts ; il vivote en peignant des cartes postales et s'imprègne de l'antisémitisme du maire de la capitale, Karl Lueger, qui déclarait volontiers :«C'est moi qui décide qui sont les Juifs!»

Le début de la Première Guerre mondiale trouve Hitler à Munich. Il s'engage dans l'armée bavaroise où il devient caporal, obtenant la Croix de fer, première classe, en 1918. En octobre de cette même année, il perd momentanément la vue dans une attaque au gaz, et passe trois mois à l'hôpital. Après son rétablissement, il devient instructeur politique auprès d'un régiment, étudiant les nombreux partis politiques qui voyaient le jour en Allemagne. Il reçoit pour mission de visiter le NSDAP, ou parti national-socialiste, et rédige un rapport. Quelque temps plus tard, il reçoit une carte d'adhérent. En 1921, il est élu président du parti et en 1923, il tente un putsch à Munich, qui échoue. Condamné à cinq ans de prison, il est incarcéré à la prison de Landsberg, où il écrit le premier volume de Mein Kampf. Il est libéré au bout de neuf mois.

Aux élections législatives de 1932, le NSDAP était devenu le plus grand parti politique d'Allemagne, bien qu'il n'obtînt jamais la majorité absolue dans une élection démocratique. En janvier 1933, Hitler est nommé chancelier d'Allemagne ; en 1939, au début de la Seconde Guerre mondiale, il était devenu le Führer incontesté du pays. Au cours des deux années qui suivirent, ses succès militaires bouleversèrent le monde : il occupa la Pologne, la France, le Danemark, la Norvège, l'Autriche, la Belgique et des régions d'Afrique du Nord. Ce n'est qu'avec l'invasion calamiteuse de la Russie en 1941, et l'entrée en guerre de l'Amérique, que le cours des choses put être renversé. Le soir du 30 avril 1945, alors que les troupes soviétiques encerclaient le bunker souterrain de la chancellerie à Berlin, Hitler et sa maîtresse Eva Braun, qu'il avait épousée la veille, se suicidaient, après avoir laissé des instructions précises pour que leurs corps fussent consumés par le feu jusqu'à ne plus être reconnaissables.

Les historiens continuent de débattre à ce jour des origines et des causes profondes de l'antisémitisme de Hitler, de son obsession antijuive, de son adhésion au mythe mensonger d'une conspiration mondiale juive telle qu'elle est décrite dans Les Protocoles des sages de Sion. Il convient de rappeler qu'il vécut à une époque et dans une société fortement imprégnées d'un antisémitisme qui se caractérisait par un ensemble de préjugés antijuifs politiques, économiques et religieux, ainsi que par des convictions d'ordre biologique et génétique sur l'identité «raciale» des Juifs et sur la conviction qu'ils souhaitaient «polluer» et affaiblir la race aryenne. Hitler en arriva à la conclusion qu'il fallait exterminer et éradiquer totalement les Juifs, d'où la mise en place d'une des organisations les plus monstrueuses que l'histoire de l'humanité ait jamais connue.

Source : Steven L.Jacobs. article dans l'encyclopédie Le livre noir de l'humanité. Encyclopédie mondiale des génocides. P.93-99. Éditions Privat. 2001.

Heinrich Himmler, est né en 1900 à Munich, dans une famille catholique pratiquante. Son père était enseignant. Après le lycée, il rejoint l'armée, en 1917, mais n'est pas envoyé au front. A la fin de la Première Guerre mondiale, il entre à l'école de technologie de Munich, où il étudie l'agriculture et les sciences économiques sans obtenir de diplôme. Il travaille dans la vente et l'élevage de poulets dans les années 1920 et adhère au parti national-socialiste, où il est nommé adjoint de la propagande en 1926, un an après avoir rejoint les SS. En 1929, il est à la tête de la SS et garde du corps de Hitler ; un an plus tard, il est élu au Reichstag, le parlement allemand. Lorsque Hitler devient chancelier en 1933, Himmler est nommé chef de la Gestapo. En 1936, il est Reichsführer - SS pour l'ensemble du Reich, et chef de la police allemande ; il fut l'organisateur méthodique des camps d'extermination en Allemagne et plus tard en Pologne.

Poursuivant son ascension, en 1943, il est nommé ministre de l'Intérieur et commandant en chef des réservistes du groupe Vistula. Au début de 1945, comprenant que la guerre était perdue, il cherche à se rapprocher des Alliés occidentaux en facilitant le transfert de prisonniers et en tentant de mettre fin à la politique d'extermination. Capturé par les Alliés après avoir tenté de se déguiser, il se suicide dans sa prison à Nuremberg, le 23 mai 1945.

Son ascension météorique des échelons nazis a fait de lui l'homme le plus influent du Reich, juste après Hitler, qu'il soutint sans réserve jusqu'aux derniers mois. Ses talents d'organisateur et sa compétence administrative, doublés d'un mépris absolu pour tout ce qui était étranger à l'«idéal aryen» de la suprématie nordique, lui permirent de concevoir un système de terreur et de destruction massives contre les Juifs, mais aussi les Tsiganes, les Slaves et les Polonais.

Les valeurs d'une enfance nourrie du catholicisme -le respect dû à une autorité supérieure, le sens de l'honneur, le courage face au mal- ont été perverties dans l'idéologie et la structure autoritaire qu'il façonna pour les SS ; il adhérait totalement aux fantasmes antisémites alimentés par la rhétorique hitlérienne, qui s'en prenait aux juifs «ennemis de l'humanité» et «ennemis directs» de la pureté raciale des Aryens. La «Solution finale du problème juif» préconisée par Hitler représentait pour Himmler l'aboutissement de ses propres idéaux et le moyen qui devait permettre l'avènement de la suprématie aryenne.

Source : Steven L.Jacobs. article dans l'encyclopédie Le livre noir de l'humanité. Encyclopédie mondiale des génocides. P.93-99. Éditions Privat. 2001.

Adolf Eichmann. Né le 19 mars 1906 à Solingen, en Allemagne, Adolf Eichmann passa sa jeunesse à Linz, en Autriche, où sa famille, issue de la bourgeoisie protestante, s'était installée. Il ne termina pas ses études d'ingénieur et travailla pendant un certain temps dans la société minière de son père, puis dans le département des ventes d'une compagnie de construction électrique de la Haute-Autriche. De 1927 à 1933, Eichmann travailla comme représentant dans la Vacuum Oil Company.

Son ascension dans les rangs de l'infamie nazie commença le 1er Avril 1932 quand, sur le conseil d'un ami, Ernst Kalttenbrunner, il adhéra au parti nazi autrichien. En septembre 1934, alors qu'il était au chômage, Eichmann fut recruté par les services de sécurité (SD) de Himmler, où il allait mettre à profit ses compétences administratives, qui lui vaudront par la suite de se voir confier la coordination de la Solution finale.

Dès les premiers mois de 1935, Eichmann était à la tête du service des «questions juives», dont s'occupait à Berlin le département des SD chargé du mouvement sioniste. En 1937, il se rendit effectivement en Palestine, pour étudier les communautés juives qui s'y étaient installées ; ce faisant, il acquit quelques rudiments d'hébreu et de yiddish. En mars 1938, après l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne, Eichmann fut envoyé à Vienne pour organiser l'émigration des Juifs. Son séjour à Vienne lui permit de perfectionner son efficacité concernant la «question juive». Il introduisit notamment le système d'émigration forcée, avec confiscation des biens juifs, ce qui répandit la terreur parmi les Juifs tout en les privant de leur assise économique. Ces méthodes furent reprises et appliquées dans tous les territoires contrôlés par les nazis au fur et à mesure de la mise en oeuvre de leur politique génocidaire à l'encontre des Juifs.

En 1938-1939, Eichmann fut chargé de la section juive de la Gestapo, d'où son rôle central dans l'expulsion des Juifs de Pologne entre 1939 et 1941. Dès 1941, ayant accédé au rang d'Obersturmbannführer (lieutenant-colonel), Eichmann participa aux préparatifs pour l'élimination massive des Juifs d'Europe et fut chargé de l'acheminement des Juifs vers les camps de la mort. C'est encore lui qui organisa la conférence de Wannsee, qui mit au point les plans d'extermination des Juifs d'Europe.

Après la défaite de l'Allemagne nazie, Eichmann s'enfuit en Argentine avec l'aide du Vatican. Il y vécut jusqu'en mai 1960, date à laquelle il fut capturé par les services secrets israéliens et conduit en Israël. Son procès débuta en avril 1961 et se clôtura en août de la même année. Le 2 décembre 1961, Eichmann fut condamné à mort pour crimes contre le peuple juif et pour crimes contre l'humanité (seules peines passibles de la peine de mort en Israël). Il fut exécuté le 1er juin 1962.

Source :Marc I.Sherman. article dans l'encyclopédie Le livre noir de l'humanité. Encyclopédie mondiale des génocides. P.93-99. Éditions Privat. 2001.

Reinhard Heydrich, fils du directeur du conservatoire de musique de Halle, est considéré par ses maîtres et ses camarades comme un sujet extraordinairement brillant. La défaite de 1918 bouleverse Heydrich, élevé par ses parents et ses maîtres dans un esprit farouchement nationaliste. En 1922, il quitte Halle pour se présenter à Kiel en qualité d'aspirant de marine. Il passe aisément les grades : enseigne de vaisseau de deuxième classe (1924), lieutenant de vaisseau (1928). En 1930, il devient membre de l'état-major de l'amiral-commandant à Kiel en qualité d'officier de transmissions au service de renseignements (Nachrichtenmitteloffizier). Il est chassé de la marine en avril 1931 pour «cause d'indignité»: il a refusé d'épouser une jeune fille enceinte de ses œuvres...Le 14 juillet 1931, Heydrich entre dans la SS, le corps noir, comme simple SS, mais il va gravir très rapidement tous les échelons de la hiérarchie : le 31 mars 1933, à 29 ans, il sera Oberführer (titre entre colonel et général).

Le Reichsführer SS, Heinrich Himmler, l'a chargé de constituer un service de renseignements spécifiquement SS. Heydrich va s'occuper de ce travail qu'il mènera à bien, au-delà de toutes espérances, avec une fougue et une intelligence peu communes. Il fonde le SD (Sicherheitsdienst: Service de renseignements de sûreté). Les ambitions de Heydrich sont sans limite. Dès 1931, il est convaincu que tôt ou tard, Hitler prendra le pouvoir. C'est pourquoi il crée délibérément - presque à l'insu de Himmler - à l'intérieur même des SS une organisation bien à lui pour doubler et, si nécessaire, remplacer tout l'appareil du gouvernement ; il amorce ainsi la constitution d'un État dans l'État.

Il laisse à d'autres les débats idéologiques, les recherches rituelles pour servir le mythe du sang et la formation d'unités militaires SS. Politique avant tout, Heydrich estime que les SS doivent être prêts, à tout instant, à prendre en main l'exercice du pouvoir. Malheureusement, les effectifs de la SS sont encore bien maigres et, surtout, la valeur intellectuelle du SS moyen est bien faible !

Heydrich se met à recruter pour son SD des jeunes gens doués et capables d'exécuter ses ordres avec énergie, audace et efficacité. En peu de temps, le SD devient le lieu de rencontre de la jeune élite intellectuelle nationale-socialiste. Tous ses membres vont accéder aux plus hauts postes, au cours des années qui suivront la prise du pouvoir par Hitler.

Jusqu'à la prise du pouvoir par les nazis en 1933, le SD de Heydrich s'occupe, avant tout, de recueillir des renseignements sur les adversaires des nazis, tout en surveillant très attentivement l'activité des chefs du parti eux-mêmes et, plus spécialement, à la demande personnelle de Hitler, celle de Röhm et des chefs des SA. Après le 30 janvier 1933, le SD amplifie son action. Himmler définit ainsi son rôle :

«Le SD démasque les adversaires de l'idée nationale-socialiste et oriente ainsi l'action de la police».

Car le côté exécutif est réservé strictement à la police. Peu enclins à se voir confinés dans un rôle d'adjoints de la Gestapo, les têtes de l'organisation se donnent un objectif plus élevé :

Le SD sera une police de l'esprit, l'instrument de mesure et de contrôle de la pensée.

Cependant, si les chefs du SD étaient des intellectuels, les groupes d'action étaient composés d'exécutants aveugles pour qui la mort d'un homme ne comptait pas. Peu à peu, Heydrich -dans l'ombre de Himmler- devint l'homme le plus redoutable du IIIe Reich, maître de toutes les polices, de l'espionnage et de la Gestapo. Nommé, en 1942, successeur de von Neurath, protecteur de Bohême et de Moravie, il mène dans ces régions une politique à la fois répressive et paternaliste, améliorant sensiblement le sort des populations paysannes et ouvrières négligées depuis 1919 au profit de la bourgeoisie. Deux soldats tchèques, formés à Londres, sont parachutés en Tchécoslovaquie avec mission d'assassiner Heydrich. Ils réussissent dans leur mission et cet attentat est prétexte à une répression allemande particulièrement féroce : la ville de Lidice, par exemple, est rayée de la carte.