EUGÉNISME ET GÉNOCIDE

L'eugénisme est apparu à la fin du XIXe siècle avant même le lancement de la science génétique. Son inventeur ? Le cousin de Darwin, le scientifique britannique Francis Galton.

Dès 1865, celui-ci avait suggéré que l'État organise des concours destinés à sélectionner les individus possédant les meilleures qualités héréditaires, puis les encourage à se marier et à avoir le maximum d'enfants. Au premier rang des qualités héréditaires , Galton mettait les capacités intellectuelles et le génie créateur. On pouvait, selon lui, remarquer que certaines familles comprenaient de génération en génération, des avocats, médecins, musiciens, militaires ... célèbres. A ses yeux, cela prouvait la nature innée des dons. Galton proposait aussi d'enfermer les individus de moindre valeur dans des monastères et des couvents afin que, par ce célibat imposé, ils ne laissent pas de descendants.

En 1883, il définit explicitement la science de l' eugénisme (mot qu'il a forgé à partir des racines grecques signifiant bonne naissance ou hérédité noble). L'eugénisme, dit-il, est la science de l'amélioration des populations humaines, visant à donner aux races les meilleurs moyens de prévaloir plus rapidement sur les moins bonnes. La doctrine de Galton était donc fondamentalement élitiste et raciste (il considérait les Noirs comme fortement inférieurs aux blancs).

La doctrine eugéniste a connu, à la fin du XIXe siècle, une deuxième naissance, indépendamment de celle patronnée par Galtron : en 1891, le médecin allemand Wilhelm Schallmayer lançait l'idée d'une hygiène de la race (Rassehygiene). Selon lui, l'État avait le devoir moral de s'opposer à la dégénérescence biologique de la population en contrôlant les mariages : tout individu devait être muni d'un carnet de santé depuis le jour de sa naissance ; au moment de se marier, un médecin devait faire un rapport sur sa santé (physique et mentale), en fonction de quoi l'État autorisait ou non le mariage.

De cette façon, estimait Schallmayer, la reproduction préférentielle des individus robustes serait assurée, et le nombre des malades et des faibles irait en décroissant, dans la mesure où on les empêcherait de se reproduire.

Extrait de l'article La tentation eugéniste Au nom du surhomme Marcel Blanc. Documents n°10. Va-t-on modifier l'espèce humaine ? Le nouvel Observateur.

EUGÉNISME ET SHOAH

L'eugénisme, ensemble de méthodes visant à améliorer l'espèce humaine propose, sur les questions de gènes et de race, une approche théorique qui veut raisonnée, mais qui allait déboucher sur la Shoah. Théorisé en Angleterre à la fin du XIXe siècle, l'eugénisme fut d'abord mis en pratique aux États-Unis. La politique eugéniste américaine reposait sur l'immigration sélective et sur une politique de stérilisation forcée d'individus définis comme étant physiquement ou mentalement déficients.

L'eugénisme, et plus particulièrement l'expérience américaine qui en avait été faite, allaient fournir au régime hitlérien les fondations scientifiques légitimes de sa politique raciale. L'eugénisme était enseigné à tous les niveaux du système éducatif allemand. Les universités et les écoles de médecine jouèrent un rôle essentiel dans la diffusion des idées eugénistes et raciales des nazis. Des instituts aussi prestigieux que l'organisation Kaiser Wilhelm (connue de nos jours sous le nom de Société Max Planck) finançaient des programmes de recherche eugéniste et raciale. Des cours sur l'eugénisme, la génétique et l'hygiène raciale (autant de mots pris comme synonymes à l'époque) étaient dispensés dans toutes les écoles de médecine du Reich.

Le premier programme eugéniste de l'État hitlérien fut une campagne de stérilisation forcée. Conformément à une loi de juillet 1933, 400 000 Allemands, hommes et femmes, dont on avait diagnostiqué qu'ils portaient (ou étaient susceptibles de transmettre) des facteurs biologiques considérés comme héréditaires et indésirables, furent soumis à une stérilisation chirurgicale. Ce programme de stérilisation légitima une sélection imposée par l'État sur la base de caractéristiques que le savoir médical définissait comme indésirables . En 1935, les lois raciales de Nuremberg étendirent l'eugénisme aux caractéristiques raciales et ethniques. La sélection des indésirables , toujours selon la loi sur la stérilisation, conduisit à ce que des enfants handicapés soient éliminés physiquement. Ce fut ensuite le tour des adultes internés dans des hôpitaux psychiatriques, qui furent triés et tués dans une opération connue sous le nom de code Aktion T-4.

A la conférence de Wannsee, en janvier 1942, qui mit au point l'application de la Solution finale, la stérilisation forcée figurait parmi les méthodes préconisées pour régler le problème de la procréation des Juifs dans les territoires de l'Est. L'idée fut rejetée car difficile à mettre en place ; on lui préféra l'élimination physique, en s'appuyant sur le personnel et les méthodes de l'opération T-4. Les médecins SS choisi pour sélectionner les déportés arrivant à Auschwitz et à Birkenau devaient avoir reçu une formation en eugénisme et en génétique.

Le paradigme fondamental de la médecine sous Hitler fut celui du physicien considéré comme sélectionneur, mandaté par l'État pour améliorer la santé de la nation(Volksgesundheit). Ayant défini certaines populations comme appartenant à des catégories dites de sous-hommes ou comme présentant des risques génétiques ou raciaux pour la nation, la médecine considérait ces êtres inférieurs comme des sujets pouvant être stérilisés, incarcérés, puis exterminés. Tout cela se fit au nom d'une approche scientifique : l'eugénisme.

Source : William E. Seidelman. Le livre noir de l'humanité. Encyclopédie mondiale des génocides. Éditions Privat. 2001.

L'eugénisme désigne la volonté d'améliorer l'espèce humaine. Ce souhait, qui existe depuis l'antiquité peut se traduire par une politique volontariste d'éradication des caractères jugés handicapants ou de favorisation des caractères jugés «bénéfiques».

Benno Müller-Hill. L'extermination des juifs, des tziganes et des malades mentaux de 1933 à 1945.

L'Allemagne nazie a mis en place une politique officielle d' eugénisme, qui comprenait le Programme Aktion T4 d' euthanasie ainsi qu'un programme de stérilisations contraintes (plus de 70 000 personnes ont été stérilisées contre leur gré).

Josef Mengele, le médecin nazi responsable des expériences médicales et de la sélection des prisonniers pour les chambres à gaz au camp d’extermination d’Auschwitz

L'extermination des juifs, des tziganes et des malades mentauxde 1933 à 1945 :

Racisme et eugénisme

Les Lebensborn étaient des institutions, développées sous le Troisième Reich, où devaient procréer des sujets de pure race aryenne (notamment des soldats SS) en vue de constituer l'élite du futur «Empire de 1000 ans»

Les Lebensborn

La prétendue race aryenne et la tragédie des Lebensborn

Lebensborn

Bibliographie

Au nom de la race . Marc Hillel. Editions Fayard. 1975. Ouvrage enquête sur les Lebensborn.

Croix gammée contre caducée. Imprimerie Nationale. Neustadt (Palatinat), François Bayle. Les expériences humaines en Allemagne pendant la deuxième guerre mondiale. 1950.

Médecin à Auschwitz. Dr Nyiszli Miklos. Titre de l'original hongrois.J'étais médecin anatomiste du Dr Mengèle au crématorium d'Auschwitz. Editions Julliard. 1961.

Le Livre noir de l'humanité . Encyclopédie mondiale des génocides. Editions Privat.

L'Etat criminel. Les génocides au XXe siècle.Yves Ternon. Editions Seuil.

Ethique médicale et droits de l'homme. Actes Sud. 1988.

Les assassins sont parmi nous. Simon Wiesenthal. Stock. 1967.

Histoire de la médecine SS ou le mythe du racisme biologique. Dr Yves Ternon. Dr Socrate Helman. Editions Casterman.

Les médecins nazis. Le meurtre médical et la psychologie du génocide. Robert Jay Lifton. Robert Laffont.

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